Dans un contexte où la vitesse est valorisée par la société, des associations et des penseurs créent le débat en revendiquant un droit à la lenteur. Les transports sont au cœur de ces questions mais la plupart des études font des comparaisons entre modes à l’échelle du déplacement, laissant peu d’espace pour une analyse de leurs complémentarités sur plusieurs voyages et les modulations de vitesse qu’elles peuvent induire. A l’aide de l’Enquête Globale Transport de 2010 nous analysons les rythmes quotidiens par le biais des pratiques de multimodalité. En particulier, nous nous centrons sur les articulations d’un déplacement sur l’autre au cours d’une journée entre la marche – considérée comme un mode « lent » – et les autres modes de transports. On observe ainsi deux grands types de comportements : d’une part celui combinant la marche et transports en commun, qui est principalement pratiqué par des populations actives résidant en zone dense et qui implique beaucoup de chaînage, et d’autre part une articulation entre marche et voiture, pratiquée par des personnes inactives résidant en banlieue et impliquant un grand nombre de retours au domicile. L’insertion de la marche – mode lent – au sein des programmes d’activité des individus n’a donc pas le même sens dans ces deux cas. Dans l’un c’est un moyen de répondre à un emploi du temps tendu, tandis que dans l’autre il s’agit d’une pratique d’agrément, associée à une forte consommation de loisirs. Ainsi le sens donné à l´usage d’un mode lent n’est pas univoque : loin d’être simplement le signe d’un rythme de vie moins tendu, il peut aussi être le reflet de la multiplication de nos sphères d’activités quotidiennes.