Le texte qui suit présente les premiers résultats d'une recherche quantitative sur les modes de gestion des réseaux urbains dans les villes françaises 1. Cette enquête porte sur sept secteurs différents : l'eau, l'assainissement, les déchets urbains et le nettoiement, le chauffage, les transports, les parkings et le stationnement, les pompes funèbres. Autant dire qu'elle concerne la dimension industrielle de l'action des collectivités locales. Nous n'exposerons ici que le cas de l'eau qui a valeur démonstrative dans la mesure où les mêmes protocoles de questionnement sont utilisés pour chaque secteur. De la fin de 1986 à 1987 nous avons interrogé toutes les communes centre des agglomérations de 23 000 habitants et plus, soit un ensemble de 210 agglomérations allant de la région parisienne à Millau. Au total 150 communes nous ont répondu et 143 sont exploitables sur tous les critères. Avant d'en venir au coeur de l'analyse un mot sur les questions sous-jacentes qui ont guidé dans la conception du questionnaire et les manières de le traiter. Nous savons bien que le regard que nous portons sur le monde n'est jamais neutre. Nous fonctionnons toujours avec quelques fils d'Ariane que chacun appelle comme il veut selon sa famille de rattachement : hypothèses, présupposés, thématas 2. Qu'importe les mots ! Il faut retenir en cette matière que les opérations-rapprochement ou découpage-que nous effectuons sur le réel ne sont jamais neutres ; nous y introduisons toujours des éléments qui relèvent le plus souvent du domaine du non-dit, dans les recherches, mais qui sont sans cesse présents au moment combien important de l'interprétation. C'est donc cela qu'il faut peut-être exposer avant toute chose, cette explicitation des présupposés étant à la fois une volonté de transparence et un auto-contrôle du chercheur sur sa propre production.