Les sciences sociales ont commencé à réinvestir les territoires ruraux ces dernières années, mais peu d'études se sont intéressées aux jeunes résidant dans ces territoires. Pareillement, lorsque sont évoqués les jeunes des classes populaires, c'est uniquement au travers de l'image des banlieues urbaines, oubliant que les campagnes rurales sont aujourd'hui majoritairement peuplées par des classes populaires. Ainsi, à contre courant des thèses qui annoncent la désuétude des territoires ruraux contemporains ou bien, à l'inverse, des thèses sur la " renaissance rurale " qui véhiculent une image enchantée des campagnes rurales, cette contribution a pour ambition, à partir d'une monographie locale réalisée dans un village de Seine et Marne, de mettre au jour la réalité d'une jeunesse rurale francilienne, majoritairement issue des classes populaires, et de rendre compte de ses inscriptions socio-spatiales. L'adolescence est un âge de la vie caractérisé par une autonomie croissante vis-à-vis des instances socialisatrices traditionnelles et qui consacre pleinement les processus de socialisation. La conception interactionnelle de la socialisation développée par Mead apparaît la plus adéquate pour objectiver les processus de socialisation à l'adolescence. Cette approche à l'intérêt de mettre la communication au centre du processus de socialisation et de faire dépendre son issue de la relation à autrui. Dans cette perspective, l'analyse des mobilités quotidiennes de ces jeunes prend tout son sens pour appréhender leurs processus de socialisation, permettant de mettre en évidence l'évolution de leurs inscriptions spatiales, de leurs sociabilités et de leurs rapports à l'espace social local en fonction de l'avancée en âge, et donc de rendre compte de la différenciation des trajectoires durant cet âge de la vie.